Réflexion au cours d’une ballade dans la neige aux heures où la nuit commence à tomber. Étendue à perte de vue et quelques ombres ici et là. Juste quelques poteaux électriques au loin qui rappellent la civilisation. Silence, juste le vent !
Être ce petit être au milieu de ce blanc et voir combien je suis dépendante de la civilisation, des autres. En même temps, sentir l’extraordinaire de la vie.
Qui suis je ?
Je suis quelqu’un qui vit les situations de la vie avec beaucoup d’enthousiasme et de curiosité. Je vois combien, jeune, je voulais être quelqu’un de spécial, une super psy. L’âge avançant, c’est avec beaucoup plus de recul que tout ça est vécu, ce qu’il se passe est extraordinaire mais cela se passe sans que je le veuille particulièrement, sans que je me l’attribue plus que nécessaire. Cela se passe, cela est, grâce à tous les rôles joués par chaque personne dans la situation. Alors si j’accompagne de façon juste, c’est d’emblée la synergie entre les deux qui est pointée. Et quel paix que de ne pas chercher autre chose que ce qui est offert là par la rencontre entre des personnes, ou des énergies, éléments …
Si vieillir, c’est ça, alors je signe car cette sagesse n’est pas sans toucher l’autre, une sagesse qui s’installe au fur et à mesure qu’il y a conscience sur les épreuves, miracles de la vie, une sagesse qui peut inspirer et qui peut entrainer dans son sillage d’autres personnes, comme aimantées par elle. C’est ainsi qu’elle a agit en moi, une sagesse que je pressentais et que je guettais, une sagesse avec laquelle j’ai flirté grâce à certains accompagnants, enseignants, notamment mon cher Paul Rebillot (qui n’est plus dans ce monde).
Je l’ai admiré car il avait cette humilité alors même que je voyais un magicien en lui et je comprends de plus en plus le chemin qu’il avait fait pour en être là. Il avait l’âge d’être sage et il m’a contaminé mais il m’a fallu encore du chemin pour réellement sentir cette paix qu’il s’offrait en laissant la Vie agir à travers lui, en y participant pleinement, du mieux qu’il pouvait, sans cependant s’aliéner à un vouloir, vouloir réussir, vouloir être le meilleur … quel que soit ce vouloir.
Devant le paysage enneigé où les formes n’apparaissaient que comme des ombres, j’étais face à cette humilité, ce non-vouloir et cette autorisation à être pleinement guidée par ce qui est sage et qui n’est pas dépendant de quoi que ce soit de l’extérieur.
Alors c’est dans la gratitude de toutes ces personnes dans l’humilité vraie, dans l’extraordinaire de ce blanc, de ce vide en nous qui nous révèle ce qu’il faut au moment où il faut, pour soi ou pour l’autre « soi » (en tant qu’accompagnante), dans la gratitude de l’expérience, que je suis après cette ballade au cœur du silence parlant.